
Adaptations des Pratiques Culturales au Changement Climatique
Si l’essence même d’AP3C est de s’intéresser aux impacts du changement climatique sur l’agriculture du Massif central, ce projet s’ouvre à de nouveaux horizons. En effet, même si le secteur agricole est en première ligne face au changement climatique, d’autres secteurs sont amenés à entreprendre des modifications profondes en réponse à ce phénomène qui nous concerne tous. C’est pourquoi AP3C s’intéresse au multisectoriels et organise des « Rencontres Multi-Acteurs » sur diverses thématiques qui peuvent vous intéresser.
Les prochaines rencontres :
- 29 janvier 2021 : Rencontre « Bois, forêts »
- 25 février 2021 : Urbanisme, architecture et transports
- 16 mars 2021 : Tourisme
Pour en savoir plus : https://www.sidam-massifcentral.fr/2020/11/les-rencontres-multi-acteurs-ap3c/
Le projet de Recherche et Développement « AP3C » a été lancé en septembre 2015 avec pour ambition d’obtenir des informations localisées permettant une analyse fine des impacts du changement climatique sur le territoire, en vue d’adapter les systèmes de production du Massif central et de sensibiliser l’ensemble des acteurs.
Ce projet est animé par le SIDAM avec les compétences des ingénieurs de 11 Chambres d’Agriculture (Allier, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Haute-Vienne, Loire, Lot, Lozère et Puy-de-Dôme) et de l’Institut de l’élevage.
Un besoin d’adaptation au changement climatique
Avec 85 % de surface en herbe, les prairies du Massif central stockent plus de 2 millions de tonnes de carbone par an ! En tant que principaux puits de carbone au même titre que les forêts, les systèmes agricoles jouent un rôle bénéfique dans la lutte contre le changement climatique tout en préservant les milieux ouverts herbacés. De nombreux projets sur l’atténuation sont en cours auxquels participent les acteurs du Massif central : Beef Carbon, Carbon Dairy …
En parallèle, pour maintenir les systèmes d’élevage et de polyculture élevage dans les zones de massif, des travaux sur l’adaptation des systèmes au changement climatique sont nécessaires. C’est sur cette problématique de l’adaptation que se positionne le projet AP3C.
AP3C est né de la volonté des acteurs du monde agricole de ne plus seulement subir les évolutions climatiques mais de pouvoir les anticiper.
Un projet en 3 phases de 2015 à 2021
Le projet AP3C se décompose en 3 phases réparties sur 6 ans de 2015 à 2021 :
3 Objectifs opérationnels
Résultats
1/ EXPERTISE CLIMATIQUEDes résultats climatiques issus d'une méthodologie spécifique
Les données climatiques de 1980 à 2017 ont été recueillies sur un réseau d’une centaine de stations réparties sur l’ensemble du Massif central. Il s’agit de données quotidiennes de température minimum et maximum, de hauteur de précipitations et de l’évapotranspiration potentielle. C’est environ 3 millions de données qui sont observées, homogénéisées et analysées. Les évolutions des paramètres climatiques observées entre 1980 et 2017 ont ensuite été projetées à un horizon relativement court (2016-2050) par utilisation d’un générateur stochastique de temps. Ces projections permettent de se faire une idée détaillée des évolutions climatiques attendues sur le territoire, en moyenne et en variabilité.
L’originalité d’AP3C est d’avoir créé ses propres projections climatiques. Les projections climatiques sont réalisées sur chacune des stations mobilisées dans AP3C sur les 11 départements engagés.

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Augmentation de la température moyenne annuelle comprise entre +4 et +4,8 °C par siècle
plus marquée dans le Nord-Est du territoire et sur les mois printaniers. Les températures moyennes hivernales augmentent plus fortement en altitude, à partir de 800 à 1000m (+5°C versus +1 à 2°C dans les plaines au Nord du territoire). Les températures automnales semblent, en revanche, présenter une certaine stabilité.
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Une forte évolution du nombre de jours assez chauds (température maximale > 25°C) durant la période printemps/été
avec un décalage d’un mois en 35 ans (c’est-à-dire qu’un mois typique de juin 2040 ressemblera à un mois typique de juillet 2005).
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Une évolution à la hausse des phénomènes rares
comme le nombre de jours très chauds (température maximale > 30°C), avec un décalage d’un mois en 25 ans.
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Une augmentation de la variabilité des températures, avec un maintien des phénomènes de risque de gel tardif de printemps et précoces d’automne
Le risque de gel hivernal diminue de 30% en 30 ans.
2/ EXPERTISE AGRONOMIQUE Une analyse de l'impact et des pistes d'adaptation à mettre en œuvre face au changement climatique
L’objectif du projet est de proposer des adaptations des pratiques à l’échelle parcellaire. Des Indicateurs AgroClimatiques, dits IAC, sont mobilisés pour traduire l’information climatique en une information agronomique. Aujourd’hui 30 IAC s’appuyant sur les données thermiques ont été définis et projetés à l’horizon 2050 :
5 indicateurs généralistes
- date de dernière gelée du printemps
- date de première gelée d’automne
- périodes sèches estivales
- périodes sèches automnales
- périodes sèches hivernales
4 indicateurs pour les céréales
- Risque de gel à épis 1cm
- risque d’échaudage sur céréales et graminées fourragères
- stress hydrique remplissage du grain – haute altitude
- stress hydrique remplissage du grain – basse altitude
5 indicateurs pour le maïs
- Risque d’échaudage
- date de première gelée à -2°C
- choix variétaux
- stress hydrique floraison à remplissage du grain (x2).
2 indicateurs pour les dérobées
- pour les dérobées : faisabilité thermique des dérobées de printemps
- faisabilité thermique des dérobées d’été
1 indicateur pour la vigne
- indice héliothermique de Huglin.
13 indicateurs relatifs à la pousse de l’herbe
- date de redémarrage de la végétation
- date de mise à l’herbe
- date de fauches précoces
- date de première fauche
- date de foins tardifs
- périodes sèches de démarrage de végétation à la mise à l’herbe
- périodes sèches de la mise à l’herbe à l’ensilage
- périodes sèches des ensilages à la récolte en foin
- séquences favorables et disponibles pour ensilages
- séquences favorables et disponibles pour foins
- séquences favorables et disponibles pour enrubannages
- périodes favorables à la mise en place des semis de prairies de printemps
- périodes favorables à la mise en place des semis de prairies d’automne
Quelques conclusions issues de l’analyse des projections des 12 IAC thermiques à l’échelle du Massif central :
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Prairies
La cinétique de pousse de l’herbe sera marquée par un cycle de végétation plus précoce avec une avancée plus marquée en altitude, par un cycle de végétation plus court en plaine, des gels de printemps maintenus, des fortes chaleurs ayant pour conséquence de stopper la pousse de l’herbe en été, et des températures d’automne favorables au développement des prairies. Des évolutions des pratiques culturales s’opéreront. Les premiers apports d’azote, la date de mise à l’herbe et les dates de récoltes seront plus précoces. Les fortes températures de l’été induiront un besoin d’affouragement. Le développement des mélanges variétaux comme gage de souplesse de récolte est à prévoir, tout comme l’implantation de prairies sous couvert pour limiter l’ETP. Les agriculteurs opteront pour des espèces prairiales à fort enracinement ou optimisant la pousse printanière. Une évolution de la diversité floristique dans les prairies naturelles est à attendre.
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Céréales
La pousse des céréales sera marquée par une reprise de végétation plus précoce, un risque de gel au printemps et un échaudage en été. Les récoltes pourront être plus précoces qu’aujourd’hui, ce qui sera propice à l’implantation de dérobées post récolte. Pour limiter le risque de gel de printemps, les agriculteurs pourront semer plus tard, opter pour des variétés avec un besoin de vernalisation important, ou des variétés à montaison tardive. En plaine, les choix pourront s’orienter vers des variétés plus précoces afin d’éviter les périodes échaudantes. Des semis plus tardifs peuvent être favorables au développement du faux semis.
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Maïs
La croissance du maïs sera marquée par un démarrage de végétation plus précoce, un échaudage important en été et un maintien du maïs plus tardif à l’automne. Ainsi, les récoltes en maïs ensilage seront plus précoces et donc plus favorables à l’implantation de dérobées post-récolte, tandis que les récoltes en maïs grain pourront être plus tardives. Les choix variétaux pourront s’orienter vers des variétés avec des indices plus importants. Un risque de diminution de la pousse en été et un impact négatif des fortes chaleurs sur la fécondation sont à prévoir.
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Système d'exploitation
Plus largement, outre l’évolution des pratiques à l’échelle parcellaire, c’est le fonctionnement du système d’exploitation dans son ensemble qui évoluera. Par exemple, une augmentation du ratio stock/pâture, le développement du pâturage tournant, le déplacement des dates de vêlage, une évolution des assolements, une augmentation des capacités de stockage, une modification des chaînes de récolte, … sont à anticiper.



3/ EXPERTISE SYSTEMIQUEDes adaptations proposées à l'échelle parcellaire et à l'échelle du système d'exploitation
Le projet AP3C allie une triple expertise climatique, agronomique et systémique. La troisième expertise a pour ambition d’étudier l’impact du changement climatique à l’échelle de l’exploitation dans sa globalité. L’objectif de cette approche système est de scénariser l’évolution d’un certain nombre de cas types à l’horizon 2050. Dans AP3C, cette expertise est la combinaison d’une approche dite « de terrain » valorisant l’expérience des agriculteurs, et d’une approche « à dire d’experts », conduite en partenariat avec les instituts techniques et qui fait appel, entre autres, aux techniciens des Chambres d’agriculture, aux ingénieurs références des Chambres d’agriculture et aux animateurs réseaux de l’IDELE.
Pour en savoir plus
Les résultats du projet bénéficiant de l’aide seront mis gratuitement à la disposition de toutes les entreprises qui exercent des activités dans le secteur ou le sous-secteur agricole et forestier particulier concerné. Tous les résultats ne peuvent être publiés sur Internet du fait du volume des données, mais ils seront disponibles sur demande de toutes les entreprises qui exercent des activités dans le secteur ou le sous-secteur agricole et forestier particulier concerné.
Documents à télécharger
Synthèse :
Documents complémentaires :
- AP3C, extrait de résumés climatique – Station Vichy Charmeil – février 2019
- Compléments méthodologie climatique AP3C – septembre 2018
- AP3C, un projet qui renouvelle les méthodes d’estimation de l’Evapo-Transpiration Potentielle – juillet 2018
- AP3C, un projet qui créé ses propres projections climatiques – mai 2018
Synthèse :
Documents complémentaires :
Rapport complet :
Annexes :
Documents complémentaires :
Vidéo :
Vidéos
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Acteurs impliqués
Partenaires techniques et financiers
Les partenaires techniques du projet AP3C sont financés dans le cadre de la Convention interrégionale du Massif central par le ministère de l’Agriculture, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Région Nouvelle-Aquitaine.







Partenaires impliqués dans le Comité de pilotage
- Des acteurs du développement : SIDAM, Chambres d’agriculture, IDELE, Pôle AOP Massif central, MACEO, Plateforme 21
- Des acteurs de la coopération : Coop de France Auvergne-Rhône-Alpes et Coop de France Nouvelle-Aquitaine
- Des acteurs de la recherche : INRAE et VetAgroSup
- Des acteurs institutionnels : DRAAF, Commissariat de Massif, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Région Nouvelle-Aquitaine, GIP Massif central